On les appelle les mules financières. Ce sont des personnes qui prêtent leur carte bancaire ou leur compte bancaire et leur code PIN à des criminels en échange d'argent. Les fraudeurs utilisent ensuite ces comptes pour transférer de l'argent sale sur leurs propres comptes ou le retirer immédiatement à un guichet automatique.
D'après les recherches menées par Febelfin en collaboration avec IndiVille nous voyons que les jeunes sont très sensibles à ces pratiques. Nous partons encore trop souvent du principe que les jeunes sont bien informés sur le fonctionnement des services bancaires et la sécurité en ligne, explique Febelfin, ceci dû au fait qu’ils ont grandi dans la société numérique et qu’ils sont très souvent ligne.
'10 % des jeunes interrogés ont déjà été approchés pour devenir eux-mêmes des mules.'
Il semblerait que ce ne soit loin d’être le cas. Leurs connaissances limitées en matière de sécurité en ligne et le fait qu'une grande partie de leur vie s'y déroule les rendent encore plus vulnérables aux pratiques des cybercriminels.
L'enquête montre que pas moins de 16 % des jeunes (âgés de 16 à 30 ans) prêteraient leur carte bancaire et leur code confidentiel en échange d'argent. Onze pour cent des adultes interrogés ont partagé des détails financiers au cours des six mois précédant l'enquête, même s’ils avouent ne pas s’être sentis à l’aise dans la situation. Chez les jeunes, ce chiffre atteint 1 sur 4.
Lorsque vous leur donnez votre carte bancaire et votre code PIN, les criminels vous promettent de l’argent facile et rapide. C'est peut-être vrai, mais cela n'enlève rien au fait qu'agir en tant que mule est une infraction pénale. Vous collaborez à la transmission ou au blanchiment d'argent obtenu illégalement et les conséquences ne sont pas négligeables.
Des scénarios d’horreur et des punitions sévères
Une mule peut être tenue responsable et poursuivie pour fraude et blanchiment d'argent. Elle risque donc des poursuites, des amendes fiscales pouvant aller jusqu'à des travaux d'intérêt général ou une peine d'emprisonnement. La banque peut également refuser d'accorder à la mule un autre compte bancaire, une carte bancaire et/ou un prêt, et vous risquez de ne plus pouvoir bénéficier d’éventuels avantages sociaux. De plus, la mule risque de se faire piller son compte par les criminels.
Ces conséquences sont évidemment désastreuses, mais les choses pourraient être bien pires. C'est ce que montre le témoignage d'une mère qui a récemment raconté à la VRT comment son fils a été victime de criminels. Le garçon a été kidnappé à deux reprises et menacé avec une arme.
‘78% des jeunes ne savent pas ce qu’est une mule financière.’
À peine 22 % des jeunes interrogés savent ce que sont les "mules financières". Les 78 % restants ne connaissent pas ce phénomène et ne sont pas suffisamment conscients des dangers liés au fait de prêter sa carte bancaire et ses coordonnées. En fait, un jeune interrogé sur dix est convaincu qu'il ne commet pas d'infraction pénale en le faisant.
Ça n’arrive qu’à d’autres ? Que nenni !
"Quelles sont les chances que des criminels m'approchent (ou approchent mon enfant) pour servir de mules financière", vous vous dites peut-être ? L'étude de Febelfin montre que 10 % des jeunes interrogés ont déjà été approchés pour devenir eux-mêmes des mules. En 2021, ils n'étaient que 6 %.
Les criminels cherchent souvent leurs victimes près des écoles et des gares, mais aussi en ligne. Les réseaux sociaux, où les parents sont rarement présents, tels que TikTok, sont très populaires auprès des criminels. Il s'agit donc d'un problème qui reste invisible pour les parents. La campagne de sensibilisation de Febelfin s'adresse donc aux jeunes et à leurs parents. Lorsque ces derniers connaissent les dernières formes de fraude en ligne, ils peuvent en informer leurs enfants.
Les criminels sont d'ailleurs de plus en plus créatifs avec les façons d'utiliser les mules. Outre votre compte bancaire et votre carte bancaire avec code PIN, ils vous demandent aujourd'hui d'autres données telles que votre carte d'identité, votre numéro de téléphone portable et votre adresse. Toutes les données personnelles qu'ils peuvent utiliser pour commettre des fraudes.
Et même si leurs tentatives d'escroquerie continuent de se multiplier, il y a aussi de bonnes nouvelles. Grâce à la coopération des différentes parties prenantes et des banques, ainsi qu’à une sensibilisation soutenue, les cybercriminels ont de plus en plus de mal à passer à l'action. En 2021, pas moins de 75 % de tous les transferts frauduleux liés au phishing ont été bloqués ou récupérés.